Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Olivet, marchand de bœufs, qui s’est embarrassé d’elle. Ce mariage est la grande nouvelle de la saison. Je ne sais si je dois plaindre M. Olivet… Bast ! ça ne me regarde pas ! Et puis je m’en moque.

3o Je vais acheter une bicyclette. Bijard, l’horloger, me tente depuis longtemps ; ce matin il m’a offert une machine presque neuve pour cent quatre-vingts francs payables par mensualités d’un louis. J’ai dit non et puis, dans la soirée, j’ai pensé oui. Cent quatre-vingts francs c’est une somme, mais tant pis ! Ce n’est pas une vie que la mienne ; je gâche ma jeunesse. Lorsque j’aurai cinquante ans, ce ne sera plus le temps de se donner de l’air.

4o Il n’y a plus rien… je vais me coucher.


6 octobre. — Quels piètres souvenirs j’enregistre en ce moment ! J’ai beau refouler ma mauvaise humeur, elle paraît tout de même ; tel un diable à ressort qui ne veut pas se tasser dans une boîte trop petite.

Ma conscience ricaneuse me persécute.

— Tu as manqué cette femme quand elle s’offrait à toi ; maintenant tu es volé !

J’appelle en vain mon honnêteté, ma pudeur, un tas de beaux sentiments ; toujours cette voix :

— Ça te la coupe, imbécile !

Morbleu, parlons-en donc ! vidons notre sac.