m’explique ce désir de quitter Lurgé avant la nuit.
En général, on plaint M. Olivet.
Je le plains aussi ; je ne voudrais pas être pour longtemps dans ses chausses. Il était veuf ; sa première femme est restée dans le souvenir des gens de Lurgé sous les traits suivants : mince, pâlotte, très douce, un peu triste.
Cela va changer, mon petit père !
Il n’est pas bon à cet âge de brûler les relais.
M. Olivet est perdu, à moins que Mme Olivet ne revienne par dévouement aux menues friandises d’antan.
Pour le moment, elle ne semble point y penser. Mariée depuis quinze jours, elle s’enferme dans la coquette maison du marchand de bœufs, à l’entrée du bourg. On ne l’a pas encore suffisamment vue à Lurgé ; on attend ses premières sorties.
Faute de pouvoir examiner le front de Mme Olivet, on se rabat sur Mlle Olivet. Car il y a là-bas une fille du mari, une grande fille et même une jolie fille. C’est ici que l’histoire devient intéressante et que mes sentiments s’embrouillent.
Écoutons Mme Évrard.
— Mais vous la connaissez, monsieur Tournemine ?
— Qui ?
— Mlle Josette ! Josette Olivet !
— Crois pas.
— Vous l’avez sûrement vue chez Mme Bérion.