dans les chemins creux étaient depuis longtemps taries. La terre ne pouvait plus suer.
Le moment fut dur pour beaucoup de fermiers ; quelques-uns fléchirent ; il y eut des ventes. Comme les fermages ne diminuaient point, les gages des valets eurent une tendance à baisser. Séverin, pour rester au Pâtis, dut se contenter de trois cent vingt-cinq francs. Delphine, qui se trouvait de nouveau enceinte, n’avait pas pu travailler hors de chez elle. Pour arranger les choses, elle accoucha vers la fin de décembre de deux bessons. Coïncidence étrange et qui fit beaucoup rire ceux des Pelleteries : une dizaine d’heures plus tard, la Maufrette accouchait de son treizième, un énorme garçon.
Les trois enfants furent baptisés le lendemain jeudi. En sortant de l’église, Séverin et Maufret allèrent ensemble chez le greffier de la mairie, M. Caillas. M. Caillas, fils d’un paysan aisé, avait été quelque peu au collège. Trop peu fortuné pour vivre absolument en propriétaire, il avait été successivement commis de perception, expert, agent d’assurances. Depuis une dizaine d’années, il faisait les écritures de la mairie. C’était surtout un grand chasseur.
Ce jour-là, M. Caillas était absent. Mme Caillas, ayant entre-bâillé la porte, montra une minute sa tête jaune, juste le temps de leur apprendre « que c’était bien fait pour eux, qu’ils n’avaient qu’à venir plus tôt ».
Un moment après, ils revinrent ; cette fois, le chasseur était rentré. Moyennant l’abandon de leurs sabots dans le corridor, ils purent pénétrer dans la cuisine où M. Caillas écrivait.