Il se mit à caresser le dos des bassets et à leur trousser les oreilles.
— Bonnes bêtes ! bonnes bêtes ! bons petits vieux ! Savez-vous qu’ils m’ont ramassé trois lapins dans leur matinée ! Hein ! que dites-vous de ça ? Ils sont plus fins, à eux deux, que tous les gars de Coutigny.
Les chiens eurent vite lapé la soupe.
— Dis donc, madame Caillas, ils ont encore faim ; tu n’as rien à leur donner ?
La dame chercha dans un garde-manger et apporta une grande platée de viande.
— Il y a le lièvre d’avant-hier, dit-elle, ils ont de quoi se régaler.
Elle versa la viande devant les bassets, qui se mirent à grogner de satisfaction.
Cependant, Maufret qui commençait à trouver froids les carreaux de la cuisine, se risqua à parler pour rappeler qu’il était là.
— Bigre ! madame Caillas ! une platée de lièvre ! voilà des chiens plus heureux que des chrétiens ! moi, dans ma vie, je n’en ai mangé que deux fois, du lièvre.
— Que voulez-vous que nous fassions de tout le gibier ? répliqua aigrement la dame. Nous ne pouvons pourtant pas le vendre !
Maufret reprit :
— Monsieur Caillas, à cette heure que vous avez les noms, est-ce que nous pouvons nous en aller ?
— Non ; il faut les signatures, dit le greffier, toujours occupé à ses chiens.
— Moi, je ne sais pas écrire, dit le vieux, tenace. Vas-y, toi, Séverin, pour que nous nous en allions.