Enfin, un dimanche de décembre, comme la neige était sur la terre, il partit avec deux francs braconniers des Pelleteries ; toute la journée les trois hommes suivirent des pistes de bêtes ; la chasse fut bonne : deux putois et quatre lapins. Séverin eut quatre francs pour sa part. Cela l’allécha ; un beau matin, il acheta un peu de poudre et du plomb.
De temps en temps il empruntait le fusil de Gustinet — un vieux fusil à baguette dont la crosse en bois blanc se démontait — et, par les beaux clairs de lune, il sortait seul pour aller se mettre à l’affût dans quelque charrière. Il prenait de grandes précautions pour ne pas être vendu, mais les chasseurs des environs finirent tout de même par se méfier et plus d’une fois les gendarmes rôdèrent autour des Pelleteries et autour du Pâtis.
Un jour, comme Chauvin se disposait à sortir de chez M. Magnon, à qui il venait de payer son fermage, il s’entendit rappeler :
— Chauvin ! criait M. Magnon, Chauvin ! j’ai encore quelque chose à vous dire.
Le fermier revint dans la cuisine où l’autre l’avait reçu.
— Quoi donc, notre maître ?
Le maître était grave ; il questionna comme un juge :
— Dites donc. Chauvin, y a-t-il des perdrix cette année au Pâtis ?
— Dame ! je vous dirai que je n’y prête point