— Non, je n’ai rien vu ; il a pu passer sans que je m’en aperçoive d’ailleurs… vous savez, quand on travaille !…
Mais déjà le maître n’écoutait plus et se lançait derrière les chiens. Quand il eut fait une vingtaine de pas, il s’arrêta surpris.
— C’est trop fort ! cria-t-il à son fils qui arrivait avec un autre chasseur ; les chiens perdent encore le pied ici. Pourtant je suis sûr de l’avoir touché ; il ne doit pas être loin.
Séverin vit les trois hommes se rapprocher et parler bas en regardant de son côté ; puis la voix de M. Magnon se fit encore entendre, haute et menaçante.
— Il n’y a pas à dire, le lièvre est ici. Ce n’est pas d’hier que je chasse… je me méfie… il faudra que tout cela se tire au clair.
Cependant son fils rappelait les chiens et les remettait sur la piste ; le même manège recommença ; les chiens s’égaillèrent encore.
— C’est tout de même raide ! fit-il à son tour ; le lièvre s’est envolé sans doute.
Il allait interpeller Séverin, lorsque le troisième chasseur qui, fatigué, s’était assis sur l’aiguille du tombereau, poussa une exclamation de surprise. Tous ceux qui étaient là levèrent la tête ; les deux paysans, à chaque bout du champ cessèrent de travailler.
— Venez donc voir ! disait le chasseur ; il y a du sang sous le tombereau.
Les Magnon accoururent et se baissèrent vivement ;