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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/227

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— Ils sont vendus, dit-elle ; vous voyez : ils sont marqués. J’attends pour les livrer.

Quand elle eut dit ces paroles, elle s’arrêta pour regarder Séverin, et lui aussi la regarda ; il avait vu cette figure ailleurs, ou plutôt une figure jeune qui ressemblait à celle-ci.

— Enfin, dit-elle la première, tu es bien Séverin Pâtureau ?

— Et toi, Mariche ? répondit-il aussitôt, car il venait de reconnaître le sourire encore jeune. Que fais-tu là ? continua-t-il.

— Tu le vois ; je garde mes cochons en attendant le marchand. Et toi, que cherches-tu ?

— Moi, je cherche à me gager, parce que j’ai quitté ma condition voilà huit jours passés.

Ils avaient beaucoup de choses à se dire. Elle lui montra une grosse pierre où elle était assise avant qu’il vînt. Il y avait place pour deux en se serrant un peu. Il s’assit donc à côté d’elle. Elle portait large ; il sentait contre lui sa hanche molle. Elle avait au cou des plis de chair comme en ont aux cuisses les enfants très gras ; la sueur avait entraîné dans ces plis la poussière de la journée et cela faisait sur la peau comme des bouts de fil noir.

— C’est égal, dit Séverin, tu n’es pas faillie !

— Non ! Ah ! je suis grosse ! Je pèse bien deux cents ; ça gêne l’été ; on échauffe… Je ne porte plus de corset… Je ne suis guère avenante… Tout ça, ajouta-t-elle en montrant sa poitrine énorme et son ventre, tout ça fait carnaval ensemble quand je marche vite.

Séverin se mit à rire.