prise, battit des ailes et gloussa ; alors, pour la faire taire, il lui saisit le cou et vivement serra, tordit, écrasa. Puis, soulevant la bête dont les pattes joueront dans le vide, il la glissa sur sa poitrine et repartit, vite.
De la main droite, tout en marchant, il tâta sous sa blouse : c’était une poule superbe, grasse et ronde comme une caille. Bonne idée qu’il avait eue de suivre la grand’route.
Pourtant, à mesure qu’il approchait de la maison, une inquiétude grandissait en lui. Que dire à Bas-Bleu et que dire surtout à la Bernoude qui était aux Pelleteries en ce moment ?
C’était une poule volée en somme… volée ! Allons donc ! Il essaya de se rappeler les paroles que Lucien Chauvin avait dites le jour du marché avec Bordager.
Et puis, allait-il se casser la tête avec toutes ces idées ! Il avait assez d’autres soucis. Bah ! on verrait bien.
Il était arrivé ; il poussa la porte. Les enfants étaient couchés ; un lumignon de suif flambait sur la cheminée ; un petit feu clignotait et, penchée au-dessus, la grand’mère frottait entre ses doigts des guenilles crottées.
Séverin s’approcha doucement du lit de la malade, mais celle-ci qui ne dormait pas leva un peu la tête.
— Bonsoir ! fit-il, tu ne dors pas encore ?
— Non, je ne peux pas ; bonsoir, papa ! approche, que je t’embrasse.
Il se pencha et elle l’embrassa à plusieurs reprises sur sa barbe dure. Elle avait toujours adoré son père et toujours elle lui avait donné ces marques d’amitié