Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/75

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Pudiquement, par phrases courtes, il dévoilait la mélancolie secrète des heures passées. Et, blottie contre sa poitrine, les yeux loin, Delphine l’écoutait dire cette peine d’amour qui leur était commune ; les mots tombant en elle éveillaient des choses frémissantes comme le vent d’avril émeut les feuilles neuves ; et il lui venait une envie très douce de pleurer.

Quinze jours après ce premier rendez-vous, Séverin se gageait pour la Toussaint chez les Loriot. Il n’avait pas gardé un trop bon souvenir de la maison, mais il n’aimait pas changer de patron, car cela porte tort aux domestiques.

— Dites donc. Loriot, fit-il en terminant le marché, il me faudra trois sillons de pommes de terre…

— Ah ! tu veux donc te marier ? Tu es fatigué d’être heureux, mon gars ?

— Trois sillons, si c’est dans un champ à grande versaine ; cinq, si c’est dans un autre.