ments-là. Quelle douceur de s’habiller nonchalamment ! Son bonheur était fait de mille petites choses ; et c’étaient la bonne odeur du savon rose soigneusement ménagé, la brûlure légère au menton après le passage du rasoir, le clapotement de l’eau dans la terrine où il se lavait le torse, les tapes dans le dos, tapes du soleil jouant à la main chaude, tapes de Delphine jouant à la main froide.
C’était l’heure des taquineries. Delphine prétendait continuellement au miroir ; lui, la décoiffait. Personne ne passait devant la fenêtre ; ils jouaient comme des enfants. Avec quelle tendresse espiègle, Delphine après avoir noué la cravate et rabaissé le col de toile, se haussait vers les joues rasées, vers les joues neuves dont la peau tirait comme une étoffe bien repassée ! À ces moments-là, il semblait à Séverin que les lèvres de sa femme étaient plus fraîches.
Un dimanche de juillet, comme il se rasait devant la fenêtre, Delphine, qui, près du lit, mettait ses bas, dit tout à coup :
— Tu ne sais pas, Séverin ?
Il se retourna, et elle, moitié fâchée, moitié joyeuse :
— Tu ne sais pas ! Je crois que je suis encore embarrassée !
Il posa son rasoir.
— Non ? fit-il ; tu n’en es pas sûre ?
— Je n’en suis pas sûre, mais je le crois beaucoup, mon pauvre homme.
— Eh bien ! quoi ! faut pas se faire de mauvais sang pour cela ; je descendrai le berceau, voilà tout ! ce n’est pas si difficile !