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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/184

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LES GARDIENNES

de leur pays riche, des chevaux, des machines, des armes, ce qu’il fallait pour la nourriture, pour l’habillement, pour la guérison des blessés et des malades. Ils amenaient, par quantités invraisemblables, tout ce que l’on pouvait imaginer, même des choses en apparence inutiles, et ils s’établissaient dans le pays comme si la guerre devait durer encore dix ans.

Quelques-uns, les premiers prêts, étaient allés tout droit vers la bataille, mais le plus grand nombre demeurait en arrière, se préparant pour les coups formidables du printemps et de l’été.

Ils avaient des camps immenses où rien ne manquait ; mais on les voyait aussi cantonner dans les villes et même, par petits groupes, dans les villages.

À Sérigny, leurs camions, en longs convois, étaient passés plusieurs fois, se dirigeant vers la ville. Un beau jour, un groupe d’oiliciers vint à la mairie, puis visita le village. Peu de temps après, des automobiles amenèrent un détachement américain.

Ce détachement comprenait des gradés qui se logèrent dans une maison bourgeoise pour le moment inhabitée, plus une vingtaine de soldats, hommes de peine ou conducteurs de voitures.

Grand événement au village !

Les soldats alliés furent bien accueillis, et, les premiers jours, fort entourés.

Tous étaient des hommes très jeunes et d’allure ardente, des hommes comme il n’en restait plus guère en France après tant d’atroces batailles. Ils