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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/286

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LES GARDIENNES

largement à l’occuper en attendant que ses enfants fussent en âge ; d’ailleurs, l’argent ne lui manquait pas.

Dès que le marché fut conclu, elle prévint sa servante, l’invitant à chercher une autre condition pour la fin de décembre.

Francine comptait partir vers ce moment-là, précisément ; la nouvelle ne changea donc rien à son plan. Mais elle eut ainsi une bonne raison pour s’absenter le dimanche et prendre à l’avance toutes ses précautions.

Elle alla, encore une fois, demander l’appui du vieil employé de l’Assistance. Elle le trouva chez lui, occupé à écrire. Comme il la questionnait d’abord sur le résultat de ses démarches, elle ne voulut pas mentir.

— J’ai écrit, dit-elle, et l’on ne m’a pas répondu…

— Alors, vous avez parlé ?

— Non, avoua-t-elle, je n’ai parlé à personne…

Il demeura un instant perplexe, se demandant si cette fille n’était point une vicieuse, si elle n’avait point forgé de toutes pièces cette histoire afin d’atténuer sa faute et de se faire plaindre. Mais non ! Des filles vicieuses et menteuses, il en avait vu défiler beaucoup dans les bureaux de l’Assistance : elles n’avaient point cette physionomie.

Il entreprit encore de chapitrer Francine sur sa coupable timidité ; il la gronda doucement d’abord, puis se mit en colère.

— Faites tout le nécessaire, disait-il, ou bien laissez-nous tranquilles !