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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/95

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LES GARDIENNES

gerie, le dimanche soir, il y avait grand nettoyage. Pendant la semaine, en effet, les deux enfants ne s’occupaient que de leur métier. Depuis quelques mois les soucis nouveaux ne leur étaient pas ménagés à cause des réglementations de guerre sur la farine et le pain. Ils mangeaient sur le pouce, se couchaient tout habillés, quand ils en avaient le temps. À la fin de la semaine, le buffet se trouvait vide et la maison en désordre. Le dimanche, dans la soirée, le travail de boulangerie était interrompu. Lucien en profitait le plus souvent pour dormir ; il rattrapait le temps perdu ou, plutôt, prenait son avance, car, le lundi, on le voyait debout à une heure du matin. Marguerite, plus résistante, cuisinait, fourbissait, lavait.

À ce moment, Francine arrivait à la boulangerie où elle se mettait au travail sans tarder. Là, en effet, elle n’attendait point d’ordres ; elle dirigeait au contraire et ne se montrait point avare de conseils. C’était pour elle un plaisir tout nouveau.

Marguerite, d’ailleurs, écoutait docilement les leçons. Trop jeune et surtout trop occupée à la boulangerie pour entretenir convenablement son ménage, elle était bien contente de trouver cette aide précieuse. Francine était comme une sœur aînée, une sœur très adroite et capable avec qui, par surcroît, l’on pouvait toujours rire, avec qui l’on pouvait bavarder.

Francine se chargeait de la besogne fatigante ; souvent même, elle travaillait seule, obligeant l’autre à se reposer.