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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/51

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HARRISSON LE CRÉATEUR

C’est ainsi que, partout, se manifestait un sourd bouillonnement des âmes.

Le caractère déconcertant des récentes acquisitions scientifiques rendait indispensable un nouvel effort d’adaptation ; or, c’était précisément à ce moment-là, où la prudence devenait de plus en plus nécessaire, que l’humanité semblait vouloir retomber aux errements anciens, s’engager étourdiment sur les vieux chemins d’aventure !…

Certes, la société moderne avait fait ses preuves. C’était un organisme à la fois compliqué et robuste, richement innervé et dont toutes les parties se mettaient en défense à la moindre alerte. Jusqu’à présent, les guerres avaient été immédiatement localisées et étouffées. Mais en serait-il toujours de même dans l’avenir ?

On pouvait espérer que l’humanité, en cas de troubles, écarterait les dangers connus, résisterait sans trop de peine aux forces grossières ; mais rien ne prouvait qu’elle ne serait pas, un jour, exposée à la menace d’éléments nouveaux, prodigieusement subtils…

Ce n’était pas là une hypothèse gratuite. Les savants de l’école d’Avérine étudiaient de tels éléments. Ils assistaient à de miraculeuses synthèses, à la naissance de systèmes échappant aux lois ordinaires et présentant des périodes féeriques où l’énergie croissait, prenait du grade, où la marche des phénomènes semblait se dérouler au rebours de toute logique.

Partant de ce qu’on était convenu, jadis, d’appeler le néant éthéré, Harrisson avait obtenu, le premier, au prix d’une insignifiante chiquenaude initiale, des tourbillons regradateurs à évolution rapide, dont le terme ultime était un mélange de