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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/89

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HARRISSON LE CRÉATEUR

du sujet et les inducteurs se traduisait par des grincements, des crépitements caractéristiques. Aussitôt, on réglait de nouveau les appareils. Toute possibilité de mensonge ou d’erreur se trouvait ainsi écartée et les résultats de la question musicale ne se pouvaient discuter.

L’inculpé, profitant de ses derniers instants de liberté mentale, jetait sa protestation à la face du monde ; il s’élevait, non sans éloquence, contre les procédés impitoyables des bourreaux modernes, cambrioleurs des consciences.

Mais le psychologue, imperturbable, se penchait sur les appareils.

Après chacun de ses gestes, menus et précis, la parole de l’orateur devenait moins sûre. Bientôt, comme le microphone commençait à bourdonner, ce ne fut plus qu’un bredouillement incohérent. On entendit encore quelques mots : justice… liberté… bourreaux… forbans… ; puis le microphone, seul, donna sa chanson monotone. La conscience complètement investie, l’homme souriait vaguement, les yeux hagards.

Alors le juge instructeur posa deux ou trois questions : questions fort peu insidieuses, au reste, simples chiquenaudes destinées à déclencher l’automatisme mental.

Aussitôt, la confession roula comme une avalanche.

D’une voix étrange, tantôt frémissante de colère, tantôt entrecoupée de douloureux éclats de rire, d’une voix de dormeur qui parle son rêve, l’homme dévoila toutes les circonstances de l’attentat.

L’inculpé se reconnaissait comme l’organisateur de la manifestation qui avait précédé l’attentat. À son ordre, un gréviste avait foncé sur le barrage