Page:Pétrarque - Poésies, 1842, trad. Gramont.djvu/151

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— 130 — SONNET CLII. ILASSIMILE SADAMEAUPHÉNIX(1). Ce Phénix, avec ses plumes dorées, forme sans art, pour son beau col gracieux et blanc, un collier si charmant que tous les coeurs sont adoucis par cet aspect et le mien consumé ; Forme un diadème naturel qui embrase l’air à l’entour ; et le fusil muet d’Amour tire de là un feu fluide et pénétrant qui me brûle sous la bruine la plus glaciale. Un vêtement de pourpre à la bordure d’azur parsemée de roses voile les belles épaules : vêtement nouveau, beauté unique et solitaire. La renommée place au milieu des montagnes opulentes et parfumées de l’Arabie le secret séjour du merveilleux oiseau que nous voyons d’un essor si altier planer dans notre ciel. SONNET CLIII. LABEAUTÉ ETLAVERTUDESADAMESONTAU-DESSUS DETOUTE LOUANGE. Si Virgile et Homère avaient vu ce soleil que je voisde mes yeux, ils auraient mis toutes les forces de leur génie à élever celle-ci en renommée, donnant l’un et l’autre à leur style le même emploi ; De quoi seraient tristes et troublés Énée, Achille, Ulysse et les autres demi-dieux, et celui qui pendant cinquante-six années gouverna si sagement son peuple, et Celuiqui fut tué par Égisthe. Quelle ressemblance d’étoile eut cette antique fleur de vertu guerrière avec cette nouvelle fleur de beauté et de chasteté ! Ennius chanta celle-là en vers barbares ; ainsi fais-je pour celle-ci ; et puisse-t-elle ne pas trouver mon génie importun et ne pas mépriser les louanges que je faisd’elle ! (1)Cemotestfémininen italien.