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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/133

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en sa faveur. — Je ne pus me défendre de traiter avec une sévérité beaucoup plus grande un pareil oubli ; et me penchant vers Agamemnon, je lui dis à l’oreille : — Cet esclave doit être un grand drôle. Oublier de vider un cochon ! par tous les dieux ! je ne lui pardonnerais pas même d’oublier de vider un poisson. — Il n’en fut pas de même de Trimalchion ; car, se déridant tout à coup : — Eh bien ! lui dit-il en riant, puisque tu as si peu de mémoire, vide à l’instant ce porc devant nous. — Le cuisinier remet sa tunique, se saisit d’un couteau, et, d’une main tremblante, ouvre en plusieurs endroits le ventre de l’animal. Soudain, entraînés par leur propre poids, des monceaux de boudins et de saucisses se font jour à travers ces ouvertures qu’ils élargissent en sortant.


CHAPITRE L.

À la vue de ce prodige inattendu, tous les esclaves d’applaudir et de s’écrier : Vive Gaius ! Le cuisinier eut l’honneur de boire en notre présence ; de plus, il reçut une couronne d’argent. Or, comme la coupe dans laquelle il buvait était d’airain de Corinthe, et qu’Agamemnon en examinait de près le métal, Trimalchion lui dit : — Je suis le seul au monde qui possède du véritable Corinthe. — D’après son impertinence ordinaire, je m’attendais qu’il allait affirmer qu’on lui apportait tout exprès de Corinthe des vases pour son usage ; mais il s’en tira mieux que je ne pensais. — Vous allez peut-être, dit-il, me demander comment il se fait que je possède