Page:Pêcheurs de Terre-Neuve, récit d'un ancien pêcheur, 1896.djvu/36

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ou travaille à sa volonté ; celui sous les ordres duquel je me trouvais, restait au lit ; mais je dois dire qu’il était une exception parmi ses collègues et que le plus grand nombre de ces commandants, sortis des rangs, sont les premiers par leur travail même comme par le grade et la fonction. — Le mousse s’occupe de la cuisine : vous jugez ce que peut être le raffinement des mets préparés, pour une vingtaine d’hommes, par un enfant de douze à quinze ans. — Le second, le saleur et les novices montent la boitte de la cale, la coupent et la distribuent dans de petites mannes, aux endroits du navire où chacun des pêcheurs proprement dits prend place pour préparer ses lignes. Cette besogne était à peine terminée que les chaloupes étaient de retour.

Celle de tribord accoste la première. Je me penche de ce côté, sur la « lisse », pour voir les produits de la pêche, et j’aperçois des poissons tout à fait différents de ce que je m’imaginais : ils sont ronds et non plats comme la morue que j’avais vue ou mangée. Mais j’aurai bientôt l’explication de cette différence. On les jette à bord avec des « piquois », simples pointes de fer emmanchées d’un bout de bois qu’on leur pique dans la tête. Il n’y en avait guère plus de deux cents, — pêche insuffisante et qui nous obligera à changer de mouillage. On me fait embrasser la première envoyée sur le pont, laquelle est immédiatement vidée, nettoyée et mise dans la marmite où cuit la soupe.

Bientôt les chaloupes sont désarmées, les hommes remontent. On déjeune assis en rond autour de la