Malgré la noble et lointaine origine que nous assignons à l’art de guérir, malgré les vastes intelligences qui se sont immortalisées dans sa pratique, cet art est encore loin de la perfection que nous aimerions à trouver en lui. Ses progrès si lents n’ont été, il est vrai, que mieux établis ; mais depuis longtemps ils ne suffisent plus, et le doute gagne quelques esprits. On pourrait même craindre pour son avenir, si l’on n’avait l’exemple du passé, et si de temps en temps on ne voyait apparaître une explication savamment raisonnée, quelques minutieuses démonstrations, de savantes expériences, quelques idées lumineuses, véritables éclairs de génie qui nous indiquent que d’infatigables chercheurs utilisent leur intelligence, dépensent leur vie à parfaire cet art, et nous promettent en son nom de réels progrès. L’élaboration en sera peut-être longue encore ; mais, éclairée par l’expérimentation, elle sera sûre et durable.
Quoi qu’il en soit, ayant pour base le sentiment le plus impérieux de la nature — celui de la conservation individuelle, — constamment dévouée à la douleur, la médecine a toujours accompli, à travers les lieux et les siècles, et malgré les critiques des Montaigne, des J.-Jacques et des Molière, sa sublime mission, qui est celle de conserver, de préserver ou de rétablir la santé.
De même que toutes les sciences, la médecine a subi et subit encore tous les jours des crises, des révolutions, des réformes ; elle modifie ses axiômes, révise ses dogmes, perfectionne et multiplie ses procédés. Bien des doctrines, bien des théories ont contribué à cet effet. Vantées à leur apparition, elles ont ensuite subi le même sort — le dédain ou l’oubli plus ou moins complet. Aucune, parmi elles, n’a été adoptée d’une façon absolue, ni entièrement rejetée ; chacune a plus ou moins prêté son concours à l’extension de cette science si importante sous tous les points de vue. Il en résulte que, de