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Page:Pailleron - Amours et Haines, 1869.djvu/110

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pangloss.

Qu’aucun instinct n’émeut, qu’aucun transport n’enivre,
Doucement adonnés à ce qu’ils nomment vivre,
Résignés et dodus, tranquilles et fleuris,
Ayant peur du silence, ayant horreur des cris,
Bornant modestement leur modeste voyage
À l’est par le plaisir, par un beau mariage
À l’ouest, et là-bas, mais tout là-bas au nord,
Par une bien obscure et bien paisible mort ;
À tous vents du dehors fermant porte et fenêtre,
Érigeant sagement en vertu leur bien-être ;
Dans leur petit esprit dont ils sont fort coquets,
Si friands de scandale et de petits caquets
Qu’ils font d’un grand pays une petite ville ;
Rendant au dieu Succès un culte un peu servile,
Mais redoutant le neuf comme un coup de bâton ;
Sentant pour un passé qu’ils trouvent de bon ton
Une secrète ardeur qui fondrait bien leur glace,
Si pour reculer même on ne changeait de place ;
De préjugés d’ailleurs non plus que sur la main ;
Se souciant d’hier autant que de demain ;
Dans les larges couloirs d’un aimable cynisme,
Ayant commodément logé leur égoïsme ;
Tenant que tout est bien dont on n’a pas de mal ;