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Page:Pailleron - Amours et Haines, 1869.djvu/133

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octobre.

Ils écumaient, joyeux, comme le flot des grèves.
Savez-vous ce que sont les nuages vermeils ?
Des ombres aujourd’hui, des veuves de soleils,
Des rêves !

La vie est un collier dont l’espoir est le fil.
Quel couteau que le temps ! Un jour, une par une,
Et les diamants d’août et les perles d’avril
S’égrènent lentement dans la fange commune ;
Et l’on se trouve seul, et de ses propres mains
À ses plus purs élans on mutile les ailes,
Pour régler leur essor avec les pas humains ;
Amour, espoir, désirs, adieu les hirondelles !
Et l’on voit, et l’on sait, car on n’a plus la foi,
Et tout en soi languit et meurt autour de soi :
L’amitié, foyer vide où l’on mettait la flamme,
Et l’admiration, autre voleuse d’âme.
Et puis vient la raison, — la première douleur,
Et l’ambition ment, et l’intérêt grimace,
Hormis le souvenir, l’âme n’a plus de fleur
Où n’ait cent fois bavé l’ennui, cette limace.
Avez-vous vu tomber les feuilles dans les bois ?