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Page:Pailleron - Amours et Haines, 1869.djvu/211

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rimes et rhythmes.


Quel espoir vous agite et quel hasard vous mène ?
On ne sait, mais on va d’une ardeur surhumaine ;
On marche, on va ; — l’on fait à chacun de ses pas
Envoler des oiseaux qui ne se sauvent pas.

Et des projets aussi, — confus et pleins de charmes.
De purs désirs au front sans nuage et sans pli,
Des souvenirs cruels, — et plus doux que l’oubli ;
On pleure son sourire et l’on sourit ses larmes.

Et cependant que l’âme, en ses rêves sans fiel,
Monte et s’élève ainsi loin des bas-fonds du doute,
Comme on jette du lest pour s’élever au ciel,
On jette son argent aux pauvres de la route.
 
Et dans ce monde immense, auberge ou bien prison,
Où l’homme un instant passe étranger à lui-même,
Le plus dépaysé se croit de la maison,
Et l’on se sent aimer, et l’on sent qu’on vous aime !