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Page:Pailleron - Amours et Haines, 1869.djvu/83

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juillet.


Tout ! je t’ai tout donné, d’un seul coup, en un jour.
Ce tout, — tant et si peu, — si puissant et si frêle,
Est dans tes frêles mains, ô mon unique amour !…
N’allez pas le casser au moins, mademoiselle !
 
Ah ! faisons-nous petits ! soyons heureux bien bas
(Hélas ! tant de bonheur tient dans si peu d’espace !),
Si bas que le malheur ne nous entende pas,
Et dise en nous voyant : « Je ne vois rien, » et passe.

Car les amours cachés sont les amours bénis.
L’avare pour son or cherche un endroit bien sombre,
L’herbe cache ses fleurs et les oiseaux leurs nids,
Et nous, qui nous aimons, soyons heureux dans l’ombre.

Mais si nos soins sont vains, mais si, malgré cela
(Le malheur, attentif, a des retours tenaces),
Il veut frapper un jour… Eh bien, je serai là,
La poitrine à ses coupe et l’œil à ses menaces.