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Page:Pailleron - Amours et Haines, 1869.djvu/86

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la source.


Elle est là, bien loin des lieux où nous sommes,
Et loin du soleil qui n’y boit jamais,
Sous la forêt sombre et sur les sommets,
Trop bas pour le ciel, trop haut pour les hommes.

Les oiseaux de l’ombre, aussi ceux de l’air,
Les rossignols blonds et les hirondelles,
Ceux-là seuls à qui Dieu donna des ailes,
Le voient assoupi, le flot chaste et clair.

À travers la branche où sifflent les merles,
Sur son front poli passent tour à tour
L’ombre et le rayon, la nuit et le jour,
L’un la criblant d’or, et l’autre de perles.

De ces drames bleus le mouvant dessin,
Sans plus l’entamer, joue à sa surface ;
Elle, vierge et nue, a le calme au sein,
L’ombre à ses côtés et le ciel en face.