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passeroient dans une situation pire que si leurs parens étoient réellement pauvres. Une nation sous un gouvernement bien ordonné ne doit pas permettre qu’aucun individu soit privé d’instruction. Il n’y a que les gouvernemens monarchiques & aristocratiques qui fomentent l’ignorance qui leur sert de rempart.

Supposons donc quatre cents mille enfans dans cette situation, nombre sans doute exagéré, après les précautions déjà prises, il faudra :

Accorder à chacun de ces enfans dix schellings tous les ans pour les frais d’école, pendant six ans, ce qui leur procurera six mois d’école tous les ans, & une demi-couronne par an pour du papier & des livres élémentaires.

Cet objet fera une dépense annuelle[1] de 25,000 livres ;

Il restera encore cent-dix mille livres.

Malgré les grands moyens employés par le gouvernement pour venir au secours des pauvres, il y aura toujours un certain nombre de circonstances moins importantes, qu’il est de la bonne politique aussi bien que de la générosité d’une nation de considérer.

  1. Les écoles publiques ne sont pas en général fort utiles aux pauvres. Elles se trouvent principalement dans les villes à corporation, dont les autres villes & les villages sont exclus, ou s’ils y sont admis, la distance des lieux occasionne une grande perte de temps. L’éducation, pour être utile aux pauvres, doit se donner sur le lieu même, & le meilleur moyen, je crois, d’y parvenir, c’est de mettre les parens en état de payer eux-mêmes la dépense. On trouve toujours dans tous les villages des personnes des deux sexes, sur-tout parmi les gens un peu avancés en âge, capables de remplir une pareille fonction. Vingt enfans à dix schellings chacun, & pendant six mois seulement, seroient comme un petit bénéfice dans les parties écartées de l’Angleterre ; & Il y a souvent de pauvres veuves de curés qui se contenteraient d’un pareil revenu.