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Il pourroit n’être pas bon, à cause des conséquences qu’on pourroit en tirer, de rechercher, comment purent se former ces vastes possessions, de trente, quarante & cinquante milles livres sterlings de revenu ; & cela dans des temps où le commerce & les manufactures ne pouvoient pas procurer les moyens de faire des acquisitions aussi immenses. Qu’on se contente de remédier au mal, en mettant ces possessions dans le cas de rentrer dans la masse commune, au moyen des successions égales, entre tous les héritiers des familles qui les possèdent. C’est d’autant plus nécessaire, que jusques-ici, l’aristocratie n’a cessé de placer ses enfans puînés & ses parens, dans des places inutiles, qui sont oppressives & qui, si elles étoient supprimées, les laissoient sans espoir ; à moins que la loi de la primogéniture ne soit en même-temps abolie[1].

  1. La révolution de france a fait publier plusieurs écrits sur les inconvéniens de la primogéniture. Mais l’ouvrage que f. lathenas fit paroître en 1789, & qu’il avoit médité depuis long-temps, a le plus contribué à faire revenir des préjugés répandus de temps immémorial en faveur des aînés. Cependant, il est certain que la primogéniture, telle qu’elle a été établie, chez les peuples modernes, ne doit son origine qu’au régime féodal, ou plutôt à l’anarchie qui le suivit, par-tout ; f. lathenas avoit établi ce point intéressant d’histoire, dans des recherches qu’il avoit faites, pour servir de première partie à l’ouvrage qu’il a publié. Il a eu tort de croire, voyez l’adresse présentée à l’assemblée nationale, au mois d’août 1790, par une société patriotique, celle des amis de l’union et de l’égalité dans les familles, il a eu tort de croire qu’après l’abolition du régime féodal, prononcé par la première assemblée nationale, il étoit entièrement inutile de mettre au grand jour cette vérité, & de l’étayer de toutes ses preuves. Car, sans doute, c’est pour l’avoir méconnu qu’on n’a rien fait encore pour empêcher l’inégalité dans les successions, qui résulte uniquement de la volonté. Les testamens font encore régner la primogéniture la