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n’eussent pas été intéressés à des principes contraires, le monde eut existé dans cet état de malheurs & de dissentions ? Quel motif auroit dans cet état le fermier pour quitter sa charrue, afin d’attaquer le cultivateur d’un autre pays ? Quel motif auroit le manufacturier ? Quel prix a la domination pour lui & pour telle autre classe de la société ? augmente-t-elle d’un seul arpent la fortune d’aucun individu ? augmente-t-elle la valeur de l’arpent ? Le prix d’une victoire ou d’une défaite n’est-il pas le même ? Un surcroît d’impôt n’en est-il pas la conséquence inévitable ? Mais cette manière de raisonner qu’adopte une nation, ne plaît pas à un gouvernement. La guerre est une table de biribi, où les gouvernemens sont les banquiers & les nations les dupes.

Si quelque chose peut surprendre dans ce tableau des gouvernemens, ce sont les progrès des arts paisibles, de l’agriculture, des manufactures & du commerce, sous cette longue accumulation de découragement & d’oppression : il sert à faire voir que l’instinct n’agit pas par de plus fortes impulsions sur les animaux, que le besoin de la société & de la civilisation n’agit sur l’homme. Malgré tous ces découragemens il se dirige vers son but & ne cède qu’à l’impossibilité,


CHAPITRE III.


De l’ancien & du nouveau systême de gouvernement.


Rien ne paroît plus contradictoire que les principes qui ont donné naissance aux anciens gouvernemens, & l’état où la société, la civilisation & le commerce sont capables d’élever les hommes. Le gouvernement de l’ancien systême est une