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raisonner, que la france devroit gouverner l’angleterre.

On a beaucoup exalté la force qui résulte pour l’angleterre & les colonies de leur union ; l’on a répété mille fois qu’ensemble elles pourroient braver l’univers ; mais ce ne sont là que des présomptions. Le sort des combats est incertain ; d’ailleurs ces propos ne portent sur rien de solide : car jamais l’amérique ne se laisseroit dépouiller de tous ses habitans, pour soutenir les armes britanniques en asie, en afrique ou en europe.

Outre cela que nous importe de pouvoir braver l’univers ? Notre objet est le commerce, & pourvu que nous ne le perdions pas de vue, nous nous assurerons la paix avec l’europe, & l’amitié de ses peuples, parce qu’il est de l’intérêt de toutes les nations européennes de trafiquer librement en amérique. Le commerce sera toujours le génie tutélaire des américains, & leurs terres, ne produisant pas les métaux que recherche la cupidité, ils sont à l’abri des invasions.

Je défie le plus grand partisan du projet de réconciliation, de montrer un seul avantage qui puisse résulter pour ce continent, de son union avec la grande-bretagne ; oui, je répète ce défi, il n’en doit espérer aucun. Nos bleds se vendront dans quelque marché que ce soit de l’europe ; & de quelque part qu’il nous plaise de tirer nos importations, il faudra toujours les payer.

Mais les inconvéniens & les dommages auxquels cette union nous expose, sont innombrables, & ce que nous devons, tant au genre humain qu’à nous-mêmes, nous ont fait une loi de renoncer à cette alliance ; toute sujestion, toute dépendance à l’égard de la grande-bretagne, conduit directement à envelopper l’amérique dans la guerre & les querelles dont l’europe est le théâtre,