qu’à la fin de la cérémonie on défasse la couronne ; & que ses débris soient abandonnés au peuple, à qui elle appartient de droit.
Le droit naturel nous autorise à nous gouverner nous-mêmes, & lorsqu’on réfléchit sérieusement à l’incertitude des choses humaines, on n’a pas de peine à se convaincre qu’il est infiniment plus sage & plus sûr de rédiger de sang-froid & avec maturité, une constitution à notre usage, tandis que nous en avons le pouvoir, que de laisser un objet aussi important à la disposition du tems & du hasard. Si nous le négligeons maintenant, il peut s’élever après nous un masaniel[1] qui, profitant de l’inquiétude populaire, rassemble les mécontens & les gens sans ressource, &, s’emparant avec eux des rênes du gouvernement, anéantisse sans retour la liberté de l’amérique. Si l’administration retourne aux mains de la grande-bretagne, il se trouvera quelqu’avanturier qui, n’ayant rien à perdre, & tenté par la situation équivoque de nos affaires essaiera, de nous assujétir ; &, dans ce péril, quel secours attendre de l’angleterre ? Avant qu’elle en ait reçu la nouvelle, le coup fatal sera porté, & nous gémirons, comme les anglais du tems d’harold, sous la tyranie d’un conquérant. Vous ne savez ce que vous faites, vous tous qui rejetez le parti de l’indépendance ; vous favorisez l’établissement d’une éternelle oppression.
- ↑ Pêcheur de naples, qui, après avoir animé ses concitoyens, dans la place du marché, contre l’oppression des espagnols, alors maîtres de cette ville, les excita à la révolte & n’eut besoin que d’un jour pour se faire nommer roi. (Cette note de m. payne n’est pas tout-à-fait exacte. Il se passa sept jours avant que les napolitains jetassent les yeux sur masaniel, pour le mettre à leur tête ; &, pendant la courte durée de sa domination, il reconnut toujours la suprématie du roi d’espagne. Le peuple & lui n’en vouloient qu’au duc d’arcos, viceroi).