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notre concorde a empêché nos troubles, & présente à la postérité une époque mémorable & glorieuse.

Le moment actuel nous offre aussi cette occasion que le ciel n’accorde qu’une fois à chaque peuple, celle de se donner un gouvernement national. Beaucoup l’ont laissé échapper & se sont mis par là dans la nécessité de recevoir les loix de leurs conquérans, au lieu d’en faire par eux-mêmes. Ils commencèrent par avoir un roi ; ils eurent ensuite une forme de gouvernement, tandis qu’il faut d’abord rédiger la chartre constitutionnelle, & après cela charger des hommes de veiller à son exécution. Mais que les erreurs des autres nous rendent sages, & nous enseignent à profiter de l’occasion qui se présente à nous de commencer notre gouvernement par où il faut le commencer.

Quand guillaume le conquérant subjugua l’angleterre, il lui donna des loix à la pointe de l’épée ; & jusqu’à ce que nous ayons consenti à voir le gouvernement fixé en amérique, occupé d’une manière légale & fondé sur une autorité déléguée par nous-mêmes, nous serons en danger de le voir envahi par quelque brigand fortuné, qui nous traîtera comme guillaume traita les anglais, & alors que deviendra notre liberté ? où sera notre propriété ?

Pour ce qui regarde la religion, je crois que le devoir indispensable de tout gouvernement est de protéger tous ceux qui la professent suivant leur conscience, & je ne vois pas qu’il ait autre chose à faire à cet égard. Dépouillons-nous de cette petitesse d’esprit, de cet égoïsme de principes, que la lie de toutes les sectes à tant de peine à abjurer, & nos craintes en ce genre, seront bientôt dissipées. Le soupçon est le partage des âmes basses & le poison de toute bonne société. Quant à moi, je