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étions en 1763. Je réponds qu’il n’est pas au pouvoir de la grande-bretagne de condescendre à ce vœu, & qu’elle n’en fera pas la proposition ; mais dans le cas contraire, & supposé qu’elle accordât cette demande, que l’on me dise par quels moyens on rendra cette cour mensongère & corrompue, fidèle à ses engagemens ? Un autre parlement, que dis-je ? Le parlement actuel peut les annuller sous prétexte qu’ils ont été arrachés par force ou que l’on a eu tort de les contracter ; & si cela arrive, quel sera notre recours ? Il ne s’agit pas de plaider entre nations ; les canons sont les légistes des couronnes, & le glaive, non celui de la justice, mais celui de la guerre, décide leurs querelles. Pour nous retrouver comme nous étions en 1763, il ne suffit pas que les loix soient remises au même état, il faut qu’on y remette aussi nos propriétés, que nos villes incendiées ou détruites soient réparées ou rétablies, que nous soyons indemnisés de nos pertes individuelles, que nos dettes publiques, contractées pour la défense générale, soient acquittées ; autrement nous serons dans un état un million de fois pire que nous n’étions à cette époque digne d’envie. Si l’on eût accordé cette demande il y a un an, la grande-bretagne se seroit concilié l’affection de tous les américains ; mais à présent, il est trop tard, nous avons passé le rubicon.

De plus il paroît aussi contradictoire avec les loix divines, & les sentimens de l’humanité, de prendre les armes dans la seule vue de nécessiter l’abrogation d’un acte fiscal, qu’il l’est de prendre les armes pour exiger que l’on s’y soumette : des deux côtés, l’objet ne justifie pas les moyens ; la vie des hommes est d’un trop grand prix pour qu’on la prostitue à de semblables bagatelles. Ce qui, aux yeux de la conscience, autorise l’usage de nos forces, c’est la violence que nous avons souf-