Page:Paine - Théorie et pratique des droits de l homme (1793).djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(233)

ce point de vue, combien les petites ruses de quelques particuliers intéressés ou foibles, paroissent insignifiantes & ridicules, lorsqu’on les met en balance avec le destin d’une partie du globe !

Si nous avons l’imprudence de négliger cette occasion favorable & séduisante, & que par la suite, d’autres moyens effectuent notre indépendance, nous répondrons des suites, ou plutôt ils en répondront à jamais, ceux dont l’ame étroite & obscurcie par les préjugés, a pris l’habitude de combattre ce parti, sans examen & sans réflexion. Certaines raisons militent en sa faveur, que bien des gens approuvent intérieurement, & dont ils n’osent parler en public. Il ne s’agit pas maintenant de discuter si nous serons indépendans ou non ; il s’agit de fonder notre indépendance sur une base solide & glorieuse, & de regretter de ne l’avoir pas fait plutôt. Chaque jour nous démontre la nécessité de cette résolution. Les torys eux-mêmes, s’il se trouve encore parmi nous de ces êtres méprisables, devroient être les plus ardens à nous y exciter. Car, de même que la création des comités les sauva d’abord de la rage populaire, ainsi une forme de gouvernement sage & bien établie sera l’unique garant de leur sûreté à venir : par conséquent, s’ils n’ont pas assez de vertu pour être whigs, ils doivent avoir assez de prudence pour desirer que nous nous déclarions indépendans.

En un mot, l’indépendance est le seul lien qui soit capable de maintenir l’union des colonies. Nous verrons distinctement notre but, & nos oreilles seront légalement fermées aux projets d’un ennemi aussi intrigant que barbare. Nous serons en même-tems sur un pied convenable pour traiter avec la grande-bretagne ; car il y a lieu de croire que l’orgueil de cette cour sera moins choquée de traiter de la paix avec les états de l’amérique, que de