Page:Paine - Théorie et pratique des droits de l homme (1793).djvu/239

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absurde assemblage de bon & de mauvais, & la conclusion que vous en tirez est aussi peu naturelle qu’elle est injuste.

Nous vous passons vos deux premières pages qui forment plus de la moitié de votre adresse (& nous attendons de vous la même politesse) vu que l’amour & le desir de la paix ne sont pas exclusivement réservés aux quakers : c’est le vœu que la nature & la religion mettent dans le cœur de tous les hommes. Sur ce principe travaillant à établir une constitution indépendante, nous n’avons point de rivaux dans notre but & dans nos espérances : notre plan est fondé sur une paix éternelle. Nous sommes las de disputer avec la grande-bretagne, & nous ne voyons de terme à nos querelles que dans une séparation définitive. Nous agissons conséquemment, parce que nous endurons les maux & les souffrances du moment, pour arriver à une paix qui n’aura ni fin, ni interruption. Nos efforts ont & auront constamment pour objet de dissoudre une liaison qui a rougi de sang nos campagnes, & qui, aussi long-temps qu’il en subsistera le moindre vestige, ne cessera d’être nuisible à l’amérique & à l’angleterre.

Nous ne combattons ni par vengeance, ni par esprit de conquête, ni par orgueil, ni par ressentiment ; nous n’insultons point l’univers en y promenant nos flottes & nos armées ; nous ne ravageons point le globe dans l’intention de nous enrichir de ses dépouilles. On nous attaque à l’ombre de nos vignes : on nous traite avec violence dans nos propres maisons & sur notre territoire : nos ennemis se présentent à nous comme des voleurs de grand chemin & des brigands. Ne pouvant invoquer la loi pour nous défendre contre leurs attentats, nous sommes obligés de les punir par la voie des armes & d’employer l’épée dans