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sipide état du gouvernement héréditaire, non-seulement parce qu’il empêche ce qui par essence nuit à sa formation & fait naître l’abâtardissement des esprits. Quand le génie d’un peuple est affaissé par une superstition politique, telle que l’hérédité de la couronne, il perd une portion considérable de son aptitude pour tout le reste. La succession héréditaire exige la même soumission qu’à l’ignorance, la sagesse, & quand une fois l’ame s’est pliée à ce respect commandé, elle ne peut plus atteindre la maturité intellectuelle de son être. Elle ne plus être grande que dans les petites choses. Elle se trahit elle-même, & repousse ce sentiment intime qui le presse de s’avouer coupable.

Quoique les anciens gouvernemens ne nous offrent qu’une peinture affligeante de la condition de l’homme, il en est un cependant qui mérite plus qu’aucun autre d’être séparé de cette loi commune. C’est la démocratie des athéniens. Ce peuple vraiment grand, ce peuple extraordinaire, mérite plus d’admiration, & moins de censure qu’aucun de ceux dont parle l’histoire.

M. Burke est si peu instruit des principes constitutifs des gouvernemens, qu’il confond la démocratie avec la représentation. La représentation étoit une chose ignorée dans les anciennes démocraties. La totalité du peuple s’y assembloit, & y faisoit les lois (à la première personne, pour nous servir d’une expression grammaticale.) La démocratie pure n’est autre chose que le forum des anciens gouvernemens, aussi-bien que son principe public. À mesure que ces démocraties devinrent plus populeuses, & que leur territoire s’agrandit, la simple forme démocratique devint incommode & impraticable ; & comme le systême de la représentation étoit inconnu, il s’ensuivit que des convulsions subites les firent dégénérer en monarchies,