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participe au gouvernement, & se fait un devoir d’en saisir la marche. Il y va de son intérêt, puisqu’il s’agit de sa propriété. Il examine les frais & les compare avec les avantages, & sur-tout il n’adopte point la servile habitude de suivre ce qu’on appelle, dans les autres gouvernemens, des meneurs.

Ce ne peut être qu’en aveuglant notre faculté pensante, en faisant croire aux hommes que le gouvernement est une chose singulièrement mystérieuse, que l’on obtient des revenus excessifs. La monarchie est bien calculée pour atteindre à ce but. C’est la papauté du gouvernement ; un joujou que l’on garde pour amuser les simples, & leur faire payer, sans murmures, des impôts exhorbitans.

Le gouvernement d’un pays libre ne réside point dans les hommes, mais dans les loix. Il en coûte peu pour les mettre en vigueur, & lorsqu’on a pourvu à leur exécution, le gouvernement civil est complet. Tout le reste est le fruit de l’astuce des cours.


CHAPITRE IV.


Des constitutions.


Il est évident que les hommes entendent des choses distinctes, lorsqu’ils parlent de constitution & de gouvernement, où il seroit inutile de conserver ces deux mots ? Une constitution n’est point l’acte d’un gouvernement ; c’est celui d’une nation, qui constitue un gouvernement, & tout gouvernement sans constitution est un pouvoir illégal.

Tout pouvoir exercé sur une nation, doit avoir un commencement. Il faut qu’il soit délégué, ou qu’on se l’arroge. Tout pouvoir délégué est un dépôt ; tout pouvoir qu’on s’arroge est une usurpation. Le tems ne saurait changer la nature de ces deux origines.

La révolution d’Amérique & ce qui l’a suivie,