Page:Paine - Théorie et pratique des droits de l homme (1793).djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(58)

roi, empereur, sénateur ou de tel autre nom que l’usage ou la folie peut accorder ou que l’insolence peut effectuer ; & le salaire de cet individu dans son office, qu’il le nomme monarchique, présidentiel, sénatorial, ou d’un autre nom, ne peut excéder dix mille livres sterlings par an. Tous les services importans rendus à la société ont été rendus par des hommes expensifs, qui ne demandoient rien pour leur salaire, mais le travail routinier d’un office, est tellement nivelé sur la capacité commune, qu’il n’exige pas un homme d’un grand talent, & par conséquent des récompenses extraordinaires. Le gouvernement, dit Swift, est un corps uni qui s’adapte à un grand nombre de têtes.

Il est inhumain d’oser dire qu’un million sterling, par an, doit être pris sur les taxes publiques, pour l’entretien d’un seul individu, tandis qu’il est des milliers de citoyens qui y contribuent, que le besoin & la misère retiennent continuellement dans la souffrance. Le contraste des prisons & des palais, de la pauvreté & du luxe ne constituent pas le gouvernement. Il n’est pas institué pour voler au pauvre le peu qu’il a, & pour ajouter à l’indigence du misérable ; mais je traiterai ce point dans la suite, je me borne en ce moment aux réflexions politiques.

Quand, dans un gouvernement, on accorde à quelque individu que ce soit, un pouvoir, ou un salaire extraordinaire, cet individu devient le point central autour duquel s’engendre & s’entretient toute sorte de corruption. Donnez à un homme un million sterling par an ; ajoutez-y le pouvoir de créer, de disposer des places à la charge publique, & la liberté de quelque pays que ce soit sera dès ce moment menacée. Ce qu’on appelle la splendeur du trône, n’est autre chose que la corruption de l’état ; cette splendeur est le résultat du luxe