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caines, c’est d’avoir aboli tous les sermens de fidélité à des individus. Le serment de fidélité en Amérique ne se prête qu’à la nation. Rien n’est plus absurde que de mettre un individu à la place où doit être la nation. Le bonheur d’une nation est l’objet supérieur à tout : & c’est pour cela que l’intention d’un serment de fidélité ne doit point être obscurcie en étant figurativement donné à une personne, ou pris en son nom. Le serment appelé en France le serment civique, savoir ; la nation, la loi & le roi, n’est point convenable. Si on le supprime entièrement, on ne le prêtera qu’à la nation seulement, comme en Amérique. La loi peut être, ou ne pas être bonne. Mais ici on ne peut la considérer que comme utile au bonheur de la nation, & par conséquent elle la renferme. Le reste du serment ne convient point, parce qu’il est évident que tout serment particulier doit être aboli. Ils sont les restes de la tyrannie d’une part, & de l’esclavage de l’autre. Le nom de l’auteur de tout ne doit pas être témoin de la dégradation de son ouvrage : & si ce serment représente toujours figurativement la nation, il est à cette place, redondant, & doit être supprimé.

Quelque raison qu’il puisse y avoir d’admettre les sermens, au commencement d’une constitution, on ne doit point les admettre après. Si un gouvernement a besoin d’être soutenu par le serment, c’est une preuve qu’il mérite peu d’être soutenu, & qu’il ne doit pas l’être. Faites le gouvernement ce qu’il doit être, & il se soutiendra de lui-même. Pour terminer cette partie de mon sujet, une des plus grandes perfections qui aient été ajoutées aux constitutions modernes, pour la sûreté perpétuelle & les progrès de la liberté constitutionnelle, c’est la mesure qu’elles établissent pour les revoir, les altérer & les corriger.

Le principe sur lequel M. Burke a établi sa pro-