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moitié qu’elle a en sa possession ; car l’une ne sauroit agir sans l’autre.

Lorsque, dans la guerre dernière, aussi bien que dans les précédentes, l’Angleterre vit baisser son commerce, ce fut parce que la quantité des objets de trafic avoit diminué quelque part ; il prend aujourd’hui de l’accroissement, parce qu’il en prend chez toutes les nations. Si les importations & les exportations de l’Angleterre sont maintenant plus considérables que jamais, il est d’une nécessité indispensable que la même chose ait lieu chez les peuples avec qui elle trafique. Ses importations sont leurs exportations, & vice versa.

Il est impossible qu’une nation fleurisse seule par le commerce ; elle ne peut que participer à ses avantages, & sa destruction dans un lieu est nécessairement préjudiciable à tous les autres pays. Il suit delà, que quand les gouvernemens sont en guerre, l’attaque porte sur la masse générale du commerce, & le résultat est le même que si chacun eût attaqué le sien propre.

N’attribuons ni au ministre, ni au manège de la politique, l’extension actuelle du commerce ; la gloire en appartient sans réserve à son action naturelle, & à la paix qui l’a favorisé. Les marchés réguliers avoient été détruits ; on avoit rompu les communications ; le grand chemin des mers étoit infesté de corsaires de tout pays, l’attention générale étoit fixée sur d’autres objets. Ces causes d’interruptions ne subsistent plus, & la paix a rétabli les choses dans l’ordre qui leur convient[1].

  1. Dans l’amérique septentrionale, l’accroissement du commerce, proportion gardée, est plus considérable qu’en Angleterre. Il s’élève à plus du double de ce que l’on a jamais vu, dans les temps qui ont précédé la révolution. Avant la guerre, l’année où il étoit sorti le plus de vaisseaux du port de Philadelphie, leur nombre avoit été de huit à neuf cents. En 1788,