Page:Paine - Théorie et pratique des droits de l homme (1793).djvu/78

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Quoique tous les genres de commerce portent sur le même principe, le commerce intérieur, considéré sous un point de vue national, est le plus avantageux, parce que la totalité des gains respectifs demeure dans le pays, tandis que dans le commerce du dehors, la nation n’y entre que pour une moitié.

Le commerce le plus désavantageux est celui qui se trouve associé avec une domination lointaine. Il peut être lucratif pour quelques individus, seulement à raison de ses propriétés intrinsèques ; mais il est ruineux pour l’état. Ce qu’il en coûte pour se maintenir dans ces possessions, absorbe, & au-delà, les profits du commerce, quelqu’entendu qu’il puisse être. Loin d’augmenter la masse générale des objets d’échange, la souveraineté qu’on y exerce ne sert qu’à la diminuer, & comme leur abandon mettroit dans la circulation une plus grande quantité d’objets d’échange, il vaudroit mieux participer à leur trafic sans avoir de dépenses à faire, que de l’accaparer en demeurant chargé de frais énormes.

Mais on a beau faire ; il est impossible d’accaparer le commerce à l’aide de la domination, & c’est ce qui la rend encore plus illusoire : le commerce ne veut point de gêne ; il s’échappe nécessairement des canaux où on prétend le resserrer, & les moyens qu’il employe, réguliers ou non, font échouer la tentative ; au surplus, le succès seroit encore pire. La france, depuis la révolution, s’est montrée plus qu’indifférente aux possessions éloignées ; & les autres peuples seront de même lorsqu’ils en auront approfondi l’utilité par rapport au commerce.

Qu’on ajoute les frais d’une marine à ceux de souveraineté, & qu’on retranche les uns & les autres des profits du commerce, on verra que la ba-