des despotes étrangers. Mais il en est des révolutions comme du commerce ; les avantages augmentent à mesure qu’ils se généralisent & doublent pour tous, ce qui, à l’égard de chacun, n’équivaudroit qu’à l’unité.
Comme un nouvel ordre de choses se découvre aux yeux des peuples, les cours de l’europe forment des complots pour l’empêcher. On propose des alliances contraires à tous les anciens systêmes politiques, & l’intérêt commun des souverains les réunit contre l’intérêt commun des hommes. Cette coalition s’étend d’un bout à l’autre de l’europe, & présente une cause tellement neuve qu’elle interdit tout calcul tiré de l’histoire. Tant que les despotes ont fait la guerre à d’autres despotes, l’homme n’étoit pas intéressé dans la querelle ; mais dans une cause dont l’objet unit les soldats aux citoyens, & les nations aux nations, le despotisme des cours voit le danger qui le menace ; il médite une vengeance terrible, cependant il n’ose frapper.
On ne voit pas dans les annales du monde, qu’il se soit jamais élevé de question d’une telle importance. Il ne s’agit pas de savoir si la chambre haute ou la chambre basse, si les wigs ou les torys auront le dessus ; mais de décider si l’homme héritera enfin de ses droits, & si la terre pourra s’applaudir d’une civilisation universelle ; si les peuples jouiront des fruits de leurs travaux, ou si des gouvernemens sans pudeur les dévoreront à leur gré ; si le brigandage sera banni des cours, & la misère des campagnes.
Lorsqu’on voit dans des pays que l’on dit être civilisés, les vieillards réduits à aller dans la maison de travail, & les jeunes gens conduits au gibet, il faut qu’il y ait un vice dans le systême du gouvernement. En apparence, le bonheur règne dans ces contrées ; il existe, hors de la portée