Page:Paine - Théorie et pratique des droits de l homme (1793).djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(79)

qui dédaigne également de triompher & de céder, je continuerai d’écrire en faveur des droits de l’homme.

C’est un bien pour moi d’avoir fait un dur apprentissage de la vie. Je connois le prix de l’instruction morale, & j’ai vu le danger du contraire.

À peine âgé de seize ans, n’ayant point reçu d’éducation, avide de périls & d’aventures, la tête échauffée par le faux héroïsme d’un maître[1] qui avoit servi un vaisseau de guerre, j’entrepris de travailler à ma fortune, & m’engageai à bord du vaisseau le terrible, capitaine death. Cette démarche n’eût point de suite, grâce aux représentations sages & affectueuses d’un père qui, d’après ses habitudes, (il étoit quaker) devoit me regarder comme un enfant perdu. Mais quelque touché que je fusse alors de ses remontrances, leur impression s’affoiblit bientôt, & je m’embarquai sur le roi de prusse, capitaine mendez. Cependant, après un semblable début, & malgré tous les inconvéniens dont j’eus à souffrir dans ma jeunesse, je suis fier de pouvoir dire qu’au moyen d’une persévérance que les difficultés n’ont pas même ébranlée, d’un désintéressement qui forçoit le respect, non-seulement j’ai contribué à l’établissement d’un nouvel empire, fondé sur un nouveau systême de gouvernement, mais encore je suis parvenu dans la littérature politique, le genre de tous où il est le plus difficile de réussir & d’exceller à me faire une réputation, que le parti aristocratique, aidé de tous ses soutiens, ne peut ni atteindre ni rivaliser.

Connoissant mon propre cœur & me sentant, comme je suis, supérieur aux attaques des partis, & au ressentiment invétéré d’une foule d’adversai-

  1. M. will-knowles, maître d’école à shetford, comté de norfolk.