Page:Paine - Théorie et pratique des droits de l homme (1793).djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(226)

pour le soutien d’une autorité que la nature & le christianisme réprouvent également. Vous dont la fonction est de veiller sur la morale des peuples, quelle que soit votre croyance, & quelque nom que vous portiez, & vous qui êtes plus immédiatement les gardiens de la liberté publique ; si vous desirez maintenir votre pays natal à l’abri de la corruption de l’europe, vous devez former en secret des vœux pour son indépendance ; mais je laisse aux réflexions particulières ce qui est du ressort de la morale, & je borne mes nouvelles observations aux textes suivans :

1.o Il importe à l’amérique d’être séparée de la grande-bretagne.

2.o Quel est, du plan de la reconciliation & de celui de l’indépendance, le plus facile & le plus praticable ?

Je pourrois, à l’appui de la première proposition, si je le croyois à propos, alléguer l’opinion de quelques-uns des hommes les plus habilles & les plus expérimentés de ce continent, qui n’ont pas encore rendu leurs sentimens publics à cet égard. Dans le fait, son évidence saute aux yeux ; car jamais nation, dépendante d’une puissance étrangère, limitée dans son commerce, enchaînée dans son autorité législative, ne peut atteindre une certaine supériorité. L’amérique ne sait pas encore ce que c’est que l’opulence, & bien que l’histoire n’offre rien qui puisse être mis en parallèle avec ces progrès, ce ne sont que les progrès de l’enfance, si on les compare avec ce qu’elle seroit en état de faire, si elle avoit entre ses mains, comme cela devroit être, la puissance législative. En ce moment, la grande-bretagne ambitionne ce qui ne lui seroit d’aucun avantage, si elle en venoit à bout, & l’amérique balance sur un parti qu’elle ne sauroit négliger, à moins de vouloir se perdre