Page:Palante - La Sensibilité individualiste, Alcan, 1909.djvu/129

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naliste qui a régné dans la seconde moitié du dernier siècle[1] ». Ce qui caractérise l’anarchisme, c’est la foi en la science. Les anarchistes sont en général de grands liseurs, des fervents de la science. C’est aussi la foi en l’efficacité de la science pour fonder une société rationnelle. « Personne, dit M. Berth, n’a voué à la Science un culte plus fervent, personne n’a cru à la vertu de la science avec plus d’ardente foi que les anarchistes individualistes. Ils ont toujours opposé la Science à la Religion et conçu la Libre pensée comme une anti-Église… » « Mais, ajoute M. Berth, il convient d’insister sur cette religion de la Science si éminemment développée chez les anarchistes individualistes. Il y a deux parties dans la Science : l’une formelle, abstraite, systématique, dogmatique, sorte de cosmologie métaphysique, très éloignée du réel et prétendant cependant enserrer ce réel divers et prodigieusement complexe dans l’unité de ses formules abstraites et simples ; c’est la Science tout court, avec un grand S, la Science une, qui prétend faire pièce à la Religion, lui opposer solution à solution et donner du monde et de ses origines une explication rationnelle, — et il y a les sciences, diverses, concrètes, ayant chacune leur méthode propre, adaptée à leur objet particulier, — sciences qui serrent le réel d’aussi près que possible et ne sont de plus en plus que des techniques

  1. Édouard Berth, Anarchisme individualiste, marxisme orthodoxe, syndicalisme révolutionnaire (Mouvement socialiste du 1er  mai 1905, p. 11).