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Page:Palante - Les antinomies entre l’individu et la société, Alcan, 1913.djvu/116

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les antinomies entre l’individu et la société

sociologique[1] qui met en lumière de préférence les facteurs sociaux et les aspects sociaux de l’art ; l’autre individualiste qui attribue plus d’importance aux facteurs et aux aspects individuels.

Examinons d’abord l’origine et l’évolution de l’art.

Ici la question est la suivante : quelle est la part qui revient à la société et à l’individu dans la genèse de l’art ? La part de l’un n’est-elle pas en raison inverse de la part de l’autre ? Ce que gagne l’un, l’autre ne le perd-il pas ?

D’après la thèse individualiste, l’art aurait son origine dans l’inspiration personnelle de certains hommes doués d’une sensibilité plus vive que les autres et capables d’exprimer plus fortement leurs émotions. D’après la thèse sociologique, l’art est chose essentiellement sociale ; il a son origine dans les besoins et les sentiments, sociaux ; il exprime moins l’originalité sentimentale des individus que l’âme collective.

Cette dernière théorie est exacte en grande partie en ce qui concerne l’art primitif. Un esthéticien, M. Gunmere[2], voit dans la poésie non une manifestation privée qui aurait son origine dans tel ou tel

  1. Guyau peut être regardé comme le représentant le plus net de la conception sociale de l’art. « L’art, d’après Guyau, est social à trois points de vue différents : par son origine ; par son but ; enfin par son essence même ou sa loi interne ». (Guyau. L’art au point de vue sociologique (F. Alcan), introduction par M. Fouillée.)
  2. Gunmere. The Beginnings of Poetry (New-York, 1901).