Page:Palante - Les antinomies entre l’individu et la société, Alcan, 1913.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
l’antinomie dans la vie intellectuelle

a dû s’inscrire dans l’organisme, se traduire en langage psychologique[1]. » Ce n’est pas la socialité qui est un effet de la cérébralité humaine ; c’est la cérébralité humaine qui est un effet de la vie sociale. À la théorie de la conscience épiphénomène de la physiologie, M. Draghicesco substitue la théorie de la conscience épiphénomène de la vie sociale.

La cause de la différence entre les animaux et l’homme n’est nullement la supériorité physiologique de ce dernier. « Par nature, l’organisme humain devait être aussi rigide que celui des animaux[2]. » La condition nouvelle, supplémentaire, qui a contribué à le rendre souple, impressionnable, c’est-à-dire conscient, n’est autre que la vie sociale. « La condition essentielle qui établit la différence entre l’homme et les animaux vient de ce que l’homme vit et se développe dans des sociétés grandissantes, énormes, tandis que l’animal est la plupart du temps isolé, ou bien vit en bandes, de tout temps stationnaires et très restreintes. Pour l’homme, dans le cours de l’histoire et grâce au processus d’intégration sociale, il se forme, à côté et au-dessus du milieu physique, un nouveau milieu dont l’importance dépasse infiniment celle du milieu cosmique. Apparu dans ce milieu, l’homme tel que l’adaptation au milieu cosmique et l’évolution purement physio-

  1. Draghicesco. L’individu dans le déterminisme social, p. 172.
  2. Draghicesco. Loc. cit., p. 142.