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Page:Palante - Les antinomies entre l’individu et la société, Alcan, 1913.djvu/143

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l’antinomie pédagogique

savoir quelque chose ! » — C’est à peine si dans ce concert de mégalomanie pédagogique, quelques voix font entendre une note discordante pour dissiper les illusions ou dénoncer les dangers[1].

La thèse de l’éducationnisme entraîne un certain nombre de thèses secondaires : dépréciation de l’intelligence naturelle et d’une manière générale de tous les dons innés que l’éducation est impuissante à suppléer ; dépréciation des influences physiologiques ; en particulier dépréciation de l’hérédité physiologique au profit de l’hérédité sociale (éducation, transmission des connaissances d’une génération à l’autre), en résumé dépréciation de tous les facteurs humains irréductibles au déterminisme éthico-pédagogique. Toutes ces thèses constituent un monisme pédagogique cohérent et complet. Elles sont nettement antiindividualistes et posent sur le terrain pédagogique le problème de l’antinomie de l’individu et de la société.

Nous allons étudier ce problème en examinant successivement la fin et les moyens de l’éducation. D’abord la fin. — Cette fin, d’après les théories éducationnistes, est proprement sociale. C’est, d’après M. Durkheim, de dégager et de former dans l’indi-

  1. Citons M. G. Le Bon dans son livre : Psychologie de l’éducation. Citons aussi M. Adrien Dupuy qui, loin de partager l’engouement à la mode, malmène les pédagogues et n’hésite pas à écrire : « C’est la pédagogie qui a fait et qui sera notre malheur. » (L’État et l’Université, p. 18-20.)