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Page:Palante - Les antinomies entre l’individu et la société, Alcan, 1913.djvu/19

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les antinomies entre l’individu et la société

Nous croyons qu’il convient de réhabiliter contre les partisans du sociologisme absolu la physiologie, l’hérédité et la race.

Voyons d’abord ce qu’il faut penser de la physiologie, en particulier du cerveau. Ce qu’il y a d’étrange dans la conception de M. Draghicesco, c’est que le cerveau y est à la fois la condition et l’effet de la vie sociale. Comme son organe, il la conditionne et pourtant, d’après M. Draghicesco, il lui doit son existence ; il est suscité et créé par la socialité. Double rapport difficilement intelligible et quelque peu contradictoire.

Le cerveau n’est rien de plus, d’après M. Draghicesco, qu’une simple forme réceptive, un lieu de passage et de concentration des influences émanées du milieu social. La supériorité de la cérébralité humaine sur la cérébralité animale tient uniquement au volume plus considérable, à la plus grande complication, à la plus grande mobilité, à la différenciation et à l’intégration croissantes des sociétés humaines. C’est oublier que le cerveau humain n’est pas soumis uniquement aux influences sociales.

Il faut distinguer, de l’aveu de M. Draghicesco, trois sortes de milieux pour l’homme : l’organisme, le monde extérieur, la société. En admettant, comme le prétend ce philosophe, que « l’organisme est un milieu qui peut s’exprimer en fonction des deux