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Page:Palante - Les antinomies entre l’individu et la société, Alcan, 1913.djvu/64

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l’antinomie dans la vie intellectuelle

théorique ou pratique suppose certains actes de foi. Ces actes de foi peuvent être très réduits en nombre ; ils peuvent porter sur une sphère très restreinte de la pensée ; mais ils sont indispensables à l’homme qui veut jouer un rôle et exercer une influence. Un pur sceptique, un pur irrationaliste serait logiquement réduit au silence.

Parmi les actes de foi qui ont tenu une grande place dans l’histoire des idées au cours du XIXe siècle, il faut signaler l’acte de foi dans la bonté de la nature humaine. Comment entendre cet acte de foi et comment l’expliquer ?

Cet acte de foi nous semble intervenir aux époques de transition, comme une conséquence et un correctif de l’incertitude générale, de l’hésitation et des fluctuations de la pensée. Tous les novateurs sont conduits à cet acte de foi par une sorte de fatalité historique. La destruction de l’idéal ancien laisse un moment historique dévolu au doute. La providence ancienne a disparu ; la providence nouvelle ne s’est pas encore levée. Il y a un moment où l’homme est livré à lui-même et où par conséquent il doit faire un acte de foi en lui-même.

Il ne faut pas d’ailleurs confondre cet acte de foi avec un appel aux instincts primitifs de l’humanité. C’est un acte de foi en ce que nous sommes aujourd’hui, avec toutes nos hérédités, avec toutes nos acquisitions. Et cet acte de foi est obligatoire, quelles