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Page:Palante - Les antinomies entre l’individu et la société, Alcan, 1913.djvu/67

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les antinomies entre l’individu et la société

Nullement. L’individualisme stirnérien n’est pas à dédaigner. La part de vérité de cette philosophie, c’est la reconnaissance de cet élément éternel, irréductible de l’esprit humain : l’unicité de l’intelligence individuelle ; c’est la revendication en faveur de ce minimum d’originalité qui est la première assise d’une originalité plus haute, d’un individualisme plus large et plus compréhensif. Car pour innover véritablement, pour s’originaliser dans le sens élevé du mot, pour s’aristocratiser et se privilégier intellectuellement, il faut d’abord ne pas craindre d’être différent ; il faut avoir le sentiment de son unicité ; il faut être soi-même ; suivant le précepte de Peer Gynt, et vouloir être soi-même. L’individualisme stirnérien vaut encore par son précepte d’absolue sincérité, d’absolue probité intellectuelle, par son absolue bravoure intellectuelle ; par la résolution de voir clair dans la pensée sociale et dans sa propre pensée ; par la volonté de couler à fond sans merci toutes ses idées et toutes ses croyances.

Mais les différences que nous avons établies tout à l’heure entre l’individualisme stirnérien et l’individualisme aristocratique en entraînent deux autres encore, des plus importantes au point de vue du problème des rapports de l’individu et de la société.

L’individualisme stirnérien ne fait aucune place aux considérations-sociales. L’individualisme aristocratique ne peut faire abstraction de ces considéra-