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Page:Palante - Précis de sociologie, 1901.djvu/113

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tandis que les lois d’évolution, — essentiellement nécessaires, — introduisent en sociologie un fatalisme absolu, l’idée de causation, faisant une grande place aux actions individuelles, introduit dans la science une contingence au moins relative.

Disons d’abord quelques mots des théories des sociologues qui se sont placés au point de vue des lois d’évolution. Ces sociologues se sont efforcés de découvrir dans les transformations sociales quelque chose de périodique ou du moins de régulier. Telle était la conception antique de la grande année cyclique à l’expiration de laquelle tout, dans le monde social comme dans le monde naturel, se reproduisait dans le même ordre. Les ricorsi de Vico ne sont au fond que la reprise de cette vieille conception des retours cycliques. Beaucoup de sociologues modernes ont eu également la prétention d’enfermer les faits sociaux dans des formules de développement qui les contraindraient à se répéter en masse avec d’insignifiantes variations.

Hegel croit pouvoir enfermer tout le processus social dans ses séries de triades. H. Spencer soumet à une loi unique (intégration et désintégration) le développement social sous toutes ses formes : développement linguistique, religieux, politique, économique, moral, esthétique.

Pour A. Comte, toute l’histoire de l’humanité converge à travers les deux stades intermédiaires vers l’ère définitive du positivisme.

Suivant M. Durckheim, l’évolution sociale générale consiste dans le passage des sociétés du type de la solidarité mécanique au type de la solidarité organique.

Suivant M. Sighele, les groupes humains évoluent de l’indistinct, de l’anonyme et de l’indéterminé au distinct, au défini, à l’organisé. Il pose cette loi que les groupes évoluent de la foule à la secte, à la caste, à la classe, à l’État. Après avoir développé cette loi, il conclut ainsi : « La course rapide que nous venons de